Le quartier des Habous à Casablanca, ou la nouvelle médina, est l’un des plus pittoresques de Casablanca.
«Le Habous est une institution de droit musulman d’après laquelle le propriétaire du bien le rend inaliénable pour en affecter la jouissance au profit d’une œuvre pieuse ou d’utilité générale» – source Wikipédia.
Le quartier des Habous à Casablanca a ainsi été édifié sur un lot de 4 hectares provenant du terrain offert au Sultan Moulay Youssef par Haïm Bendahan, riche commerçant juif. Le Sultan a ensuite rétrocédé le terrain à l’institution des Habous pour qu’y soit édifiée une nouvelle médina pour les musulmans. 5 hectares supplémentaires seront achetés plus tard.
Si ce quartier semble avoir toujours existé, il s’agit cependant d’une réalisation du XXème siècle commencée en 1917 avec le Palais du Sultan et achevée en 1955.A l’époque, avec l’essor de Casablanca, de nombreuses populations rurales affluaient vers la ville et se retrouvaient entassées dans l’ancienne médina ou dans les bidonvilles à ses abords. Cette surpopulation contribuait à générer épidémies et insécurité. Le nouveau quartier des Habous à Casablanca fut créé pour répondre à ces problèmes. La volonté de Lyautey, à l’époque Résident Général du Maroc, fut de concevoir une cité dans le respect de la tradition marocaine tout en la dotant des commodités modernes. C’est là sa principale originalité.
Ainsi, les maisons traditionnelles aux façades blanches et jaunes, ornées çà et là de jolis décors sont coiffées de toits terrasse et bénéficient de cours intérieures. Les ouvertures sur la rue sont réduites et agrémentées de moucharabiehs.Le quartier est un dédale de ruelles souvent bordées d’arcades. Les plafonds des galeries sont parfois peints ou ornés de sculptures. Tout est présent pour une vie locale autonome : des écoles, des mosquées, des placettes pour se rencontrer, des fontaines, des fours publics et des hammams dont l’intérieur est protégé des regards par d’astucieuses entrées en chicane.Les Habous c’est aussi un dense réseau de boutiques et d’ateliers. Commerçants et artisans étaient à l’époque rassemblés par métiers dans d’étroites ruelles ou dans des kissarias. Les kissarias sont ces galeries couvertes aux sols en granito et aux plafonds en bois de cèdre, essence réputée pour son odeur agréable, son imputrescibilité et sa grande résistance. On retrouve aujourd’hui encore quelques plaques de noms de rues attestant des métiers alors exercés : rue Jazzarine (bouchers), rue Khaddarine (maraîchers), rue Fakharine (potiers), rue Kharrazine (cordonniers)… Il y a deux souks légèrement à l’écart de l’axe principal : l’un dédié aux olives et l’autre aux tapis de toutes les régions du Maroc. Le quartier est aussi reconnu pour la qualité des vêtements traditionnels qui y sont vendus. Si vous souhaitez un joli caftan pour femme ou une gandoura pour homme, c’est ici qu’il faut venir !
Mais la modernité ne devant rien céder à la tradition, dans les coulisses des Habous, les architectes Albert Laprade, puis Edmond Brion et surtout Auguste Cadet ont veillé à doter le quartier des normes contemporaines du début du XXème siècle. Ils ont ainsi eu recours au béton armé, ont électrifié rues et habitations et installé l’eau courante et le tout à l’égout.
Ce fut un succès rapide car outre les modestes habitants de l’ancienne médina, de riches commerçants, de Fès notamment, se sont également installés attirés par le charme, la modernité et les opportunités du quartier. Une certaine mixité sociale était alors de mise.
La découverte des Habous à Casablanca est un incontournable des activités à Casablanca car le quartier fait référence en termes d’architecture et d’urbanisme. C’est aussi un lieu paisible, encore arboré, qui offre des merveilles de l’artisanat marocain. Ne ratez pas non plus une halte à la célèbre Pâtisserie Bennis ouverte depuis 1938. Autres monuments remarquables : le Tribunal ou Mahkama du Pacha qui ne se visite qu’exceptionnellement lors des journées du patrimoine et le Palais Royal que l’on ne peut qu’apercevoir.
Enfin, allez jusqu’à Dar El Ala, rue La Fontaine, pour assister à un concert ou aux répétitions de l’orchestre et de la chorale de l’Association des Amateurs de la Musique Andalouse du Maroc et visiter leur petit musée pour compléter votre balade.