Avant Casablanca, il y avait Anfa. Anfa était située à l’emplacement de l’ancienne médina à Casablanca. Entre le XII et le XVème siècle, Anfa est décrite comme une ville portuaire très active, un important chef-lieu avec palais et boutiques, puis comme une petite cité de corsaires. La cité profite des darses rocheuses et des tumultes de l’Atlantique pour se protéger. Si les bateaux étrangers ne peuvent pas approcher de la côte, les corsaires d’Anfa quant à eux n’hésitent pas à braver l’océan avec leurs barcasses pour piller les navires marchands. En 1468 les Portugais se lassent de cette piraterie et détruisent Anfa qui sombre alors dans l’oubli durant 3 siècles.
Ce n’est qu’au XVIIIème siècle, que le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah entreprend de reconstruire Anfa en édifiant mosquées, hammams, fours à pain… Dans le cadre de sa stratégie maritime d’ouverture, il favorise le commerce avec l’Europe et en particulier avec l’Espagne. Il restaure les murailles de la ville qui à l’époque plongeaient directement dans l’Atlantique. Il renforce aussi les capacités de défense en ajoutant un bastion avec des canons : la Sqala.
La médina sera à nouveau détruite en 1907, puis en 1942.
Aujourd’hui, ce qui étonne dans cette partie historique de l’ancienne médina à Casablanca, c’est qu’elle est différente des autres médinas dans son architecture et son urbanisme, ici plutôt de style européen. Les trois quarts des constructions datent en effet du XXème siècle. La médina compte ainsi nombre de maisons bourgeoises et hôtels particuliers à dominante hispano-mauresque. Ces édifices portent décors et sculptures, garde-corps en fonte sur leurs façades et disposent de fenêtres et de balcons donnant sur rues. Rues qui sont ici souvent assez larges pour permettre aux automobiles de circuler.
Les anciens consulats, l’ancien siège de la première banque d’Etat du Maroc ou encore les hôtels attestent du dynamisme commercial et de l’attractivité politique et économique de la ville au tout début du XXe siècle.
On retrouve aussi la trace des grands magasins et sur la place du commerce on imagine l’animation qui régnait alors dans les cafés, les boutiques, les agences immobilières… et matrimoniales ainsi que dans l’ancien cabaret Le petit Biche fréquenté par des pilotes de l’Aéropostale et les artistes de l’époque.
Au milieu d’un parc verdoyant, s’élève la façade blanche ornée de fenêtres à petits carreaux de la Résidence occupée par Lyautey en son temps et offerte après l’indépendance à l’UMT (centrale syndicale de l’Union Marocaine du Travail).
On prend la mesure de l’ouverture religieuse et de la bonne entente entre les communautés de la médina dans le triangle dit «monothéiste», avec la présence de l’église espagnole baroque Santa Buenaventura aujourd’hui désacralisée, de la Synagogue Ettedgui, et bien sûr de la mosquée Ould El Hamra, la plus ancienne de Casablanca achevée en 1795. Son nom de Hamra (rouge), viendrait d’ailleurs de son bâtisseur, soit en raison de la ville dont il est originaire, la ville rouge de Marrakech, soit de la couleur de sa barbe teintée au henné.
D’autres légendes et anecdotes enrichissent le parcours. Par exemple l’histoire de Lalla Taja, bienfaitrice des enfants au XIXème siècle, dont le mausolée financé par le Consulat de Belgique existe encore. On apprend aussi la légende de l’origine hypothétique du nom de Dar El Beida (traduction de Casablanca) en hommage à une jeune tunisienne qui aurait péri au large de la ville et dont la beauté et la blancheur de peau auraient émus les habitants d’Anfa au point de lui édifier un mausolée et de changer le nom de leur ville.
A noter pour en savoir plus sur Casablanca le très intéressant et gratuit « Centre d’interprétation du patrimoine », rue de la marine, à proximité de la mosquée Ould El Hamra dans l’ancienne médina à Casablanca.
L’Ancienne Médina à Casablanca : Porte de la mosquée Ould El Hamra
L’Ancienne Médina à Casablanca : Place El Bidaoui